Le fœtus récalcitrant

Jossot

À propos du livre

«Quand un fœtus récalcitrant ne manifeste qu’un médiocre empressement à sortir des entrailles maternelles, on va quérir les forceps et, sans tenir compte de ses cris de protestation, on l’introduit dans la vie.
Puis on le ligote dans un maillot liberticide tandis que l’auteur de ses jours, flanqué de deux témoins, se dirige vers la mairie et l’église pour bombarder son rejeton sectateur d’une religion et citoyen d’une patrie, tout en négligeant, bien entendu, de lui demander son avis.»

Ce sont les premières lignes du livre de Jossot et, déjà, tout est dit. Sa verve de caricaturiste anarchiste trouve dans le pamphlet un nouveau moyen d’expression. Dans Le fœtus récalcitrant, il fustige l’éducation traditionnelle par les parents («des scorpions») ou les enseignants («des déformateurs de cerveau»). Seule sa vocation artistique, affirme-t-il, lui a permis de réchapper au «dressage». Et son métier de caricaturiste, qu’il analyse avec précision et subtilité, lui semble un remède nécessaire pour «décortiquer les tares d’une société dans laquelle le mensonge est roi» et développer l’esprit critique.
Mais pour conserver ou retrouver une vraie liberté, déclare Jossot, il existe une autre qualité indispensable, l’oisiveté, à laquelle il consacre le second texte de ce livre : l’Évangile de la paresse.
Il détaille avec humour mais surtout avec virulence tous les maux engendrés par le travail, et son corollaire, la cupidité. L’esclavage, l’aliénation, la colonisation, les applications monstrueuses de la science ou l’épuisement de la nature sont les conséquences de l’activité des industrieux, qui inventent sans cesse de nouveaux besoins pour inciter l’homme à travailler plus encore.
Alors, pour dénoncer cette fuite en avant, il place son éloge du ne rien faire sous le plus haut patronage qui soit :
«Quand le créateur fit sortir le Cosmos de sa pensée, Il ne bougea pas, ne s’agita pas, ne se fatigua pas, et pourtant Il éprouva le besoin de se reposer.
Se reposer de ne pas avoir remué ! Pouvait-il nous donner meilleure leçon ?»

Le fœtus récalcitrant avait été publié à très petit nombre, à compte d’auteur, en 1939 à Tunis.
Il n’avait jamais été réédité.

Presse

A redécouvrir absolument […] Certes ces lignes ont parfois vieilli, mais elles témoignent d’une époque où l’on n’avait pas peur de frapper fort; on en retire une telle énergie du refus, de la révolte, du libre arbitre que les décroissants d’aujourd’hui feraient bien de les lire. Et plus généralement tous ceux qui refusent le formatage de la pensée.
Didier Pourquery, Le Monde Magazine.

Il aurait été dommage de se passer de cet incroyable pamphlet, hymne à la paresse, brûlot contre la course à la productivité et l’accélération permanente de nos vies. […] En ces temps où la valeur travail est tellement exaltée, […] il est assez sain, intellectuellement, de lire ce petit ouvrage, tellement féroce.
Audrey Pulvar, France Inter.

Épatant petit pamphlet. […] Mode d’emploi de l’insubordination, de l’esprit critique et de la révolte.
Michel Boujut, Mediapart.

Présenté par Henri Viltard

2011

12 x 17

128 pages

isbn 978-2-912667-86-1

13,50 euros

Épuisé